Traversée de l’Atlantique du 10 au 17 août 2016
Nous avons changé d’heure, nous sommes à -3h de Paris. Nous avons déjà fait 3300 milles marin soit environ 5000 km et nous voici partis pour traverser l’Atlantique pour rejoindre le continent sud-américain à Vittoria. Le temps depuis Conakry est gris mais chaud et lourd. Par contre, le vent s’est levé. Il faudra attendre vendredi pour retrouver enfin le soleil. La piscine a été nettoyée et de nouveau remplie. C’est le point de ralliement de tous. Du pont, nous scrutons la mer pour apercevoir les dauphins ou des poissons volants.
Gérard n’a jamais autant lu, il attaque son 3ème livre …. Nos journées sont rythmées par les repas. Nous continuons toujours l’apprentissage de l’espagnol et nous progressons…..un peu. Baptiste, le seul enfant de la traversée, ne s’ennuie pas : les matelots qui sont à bord pour 8 mois, l’ont adopté ; le matin, Anne lui fait faire sa lecture et il trouve toujours quelqu’un pour une partie de ping-pong ou la piscine et il est toujours le bienvenu à la passerelle.
Un cargo, c’est un village flottant. A sa tête, le Capitaine, obéi et respecté par tous, puis les officiers et les matelots. Nous, les passagers, sommes les visiteurs (payants quand même) mais sur le Grande Brazile, nous sommes tout de même assez privilégiés. Après la petite semaine de démarrage où l’on fait connaissance, le capitaine essaie de faire plaisir à ses passagers. Il n’hésite pas à faire remplir la piscine, la vider régulièrement car sous la chaleur, l’eau tournerait vite, faire nettoyer le pont arrière car nous y sommes beaucoup et avec les fumées, il est vite sale. Nous avons droit à des visites guidées : salle des machines, cuisine et réserves (là, on s’aperçoit que la chaine du froid est respectée, les réserves sont nickels), nous pouvons aller à la passerelle quand on veut et les officiers, surtout Ulysse, nous donnent les repères sur les cartes. Certains soirs après dîner, nous sommes invités à la table du capitaine et ça nous permet de connaître un peu mieux la vie sur un cargo. Nous avons appris plein de chose sur la prise de conscience des armateurs pour l’environnement. Tous les déchets sont triés, stockés ou incinérés. Il n’y a plus aucun rejet à la mer des eaux usées ou noires, il y a d’énormes réservoirs qui sont vidés au port. L’eau du balastre pour équilibrer les charges du bateau est changée en cours de navigation : on ne mélange pas et on ne vide pas les balastres avec de l’eau pompée en Afrique et vidée au Brésil ou pompée au Brésil et vidée en mer du Nord. Le seul bémol reste les repas qui sont tout sauf bons (et là, je suis gentille !) bien que depuis Freetown, il y a du progrès et l’entretien des cabines qui laisse à désirer. Pourtant, Rommel, notre « messman », fait tout pour nous satisfaire et est d’une gentillesse à toute épreuve mais ce n’est pas de sa faute si il n’y a que des couettes pour petit lit alors que nous avons un grand lit, ce n’est pas de sa faute si les canapés sont sales ou les portes des armoires sont dévissées….
C’est aussi vendredi à 18h22 que nous avons passé la ligne de l’équateur et nous vous avons aussi photographié le coucher de soleil sur l’équateur. Nous sommes maintenant en hiver qu’importe nous avons toujours le soleil et la chaleur environ 30° mais parait-il qu’à Montevidéo il ne fait que 10°.
Samedi 13 : pour le passage de l’Equateur, une fête se prépare, l’équipage s’active sur le pont. C’est la coutume dans la marine, on baptise ceux qui, pour la 1ère fois en bateau (en avion, ça ne compte pas), passe la ligne d’équateur. A 16h30, la corne de brume sonne le ralliement.
Il n’y a pas d’âge pour jouer à l’eau : les lances incendies sont sorties, prêtes à l’action quant de la passerelle, on voit arriver Neptune en grande pompe. Puis, c’est le baptême des matelots et des passagers : Baptiste, Gérard, José et Stéphane se lancent le défi de vaincre les lances en passant en travers des bouées. Patrick, ancien marin mais toujours marin dans l’âme, a été promu dans le rôle de Neptune qui lui allait franchement bien : cheveux longs, barbe, taille imposante.
D’ailleurs, l’équipage le confirme, voilà longtemps qu’il n’y a pas eu un Neptune aussi ressemblant, en général, c’est un officier qui joue le rôle. Puis, uniquement pour les matelots, on rase les cheveux et enfin le réconfort : un verre de whisky qui n’en était pas, c’était du thé à l’eau de mer. Remise des diplômes.
Puis c’est l’heure d’un apéritif et d’un grand barbecue. Une soirée sympa et en fin de repas, Stéphane nous a joué un air accordéon puis de guitare.
Le soir, nous décalons encore notre montre d’une heure. A minuit, il sera 4h chez vous. Nous sommes à -2h UTC et lundi, on rechange d’heure.
Dimanche soir, nous avons eu au dîner à un petit cochon à la broche. Ce sont les matelots philippins qui s’occupent du barbecue et comme la veille, nous nous sommes régalés. Dommage, il n’a pas fait beau de l’après-midi. Lundi, c’est grand soleil. Il fait chaud 32°. Le matin, visite guidée de l’avant du bateau. Les 2 ancres sont impressionnantes et les maillons de la chaine ont une longueur de 50 à 60cm de long et 10cm de diamètre. Chaque ancre à une chaine de 300m soit environ 300 tonnes ! L’ancre pèse 1.5t. Tout est démesuré. En bas, nous sommes tout petits face à 4 hauteurs de containers. Chaque container a un poids total en charge de 35t et vide de 3t.
Comme nous sommes en hiver (mais tout de même avec + de 30°) , le capitaine nous informe, ravi de nous faire plaisir, que ce soir, ce sera choucroute mais vraiment nous aurions préféré quelque chose de plus léger. Et ce soir, nous rechangeons d’heure. A minuit, il sera 5h du matin chez vous…..Le matin, nous sommes dans les décalages successifs et à 5h tout le monde est réveillé, à 6h il y en a même des courageux pour se baigner. L’eau de la piscine n’est jamais froide et peut monter jusqu’à 27-28° étonnant. Alors qu’elle est changé régulièrement, l’eau de mer n’ait jamais vraiment très froide même lors de son pompage et certainement plus chaude que sur les côtes normandes.
LA CATA : à midi, on nous annonce qu’il y aura du retard aux escales en raison des jeux olympiques et que nous devrons mouiller 3 jours à RIO avant de pourvoir accoster pour décharger car le plan d’eau réservé pour les compétions sont à côté du port de commerce. Bon OK mais le problème ça nous décale pour les autres escales et nous devrons donc aussi patienter à Zarate. Bilan : nous n’arriverons à Montevidéo que vers le 5 septembre au lieu du 29 prévu !
Mercredi matin : festival de baleines. Depuis 6h30, nous sommes sur le pont ça c’est grâce au décalage horaire. Nous verrons des dizaines de baleines tout le long de la matinée jusque près des côtes de Vittoria. Les fous de bassans nous accompagnent depuis hier soir. Les eaux doivent être poissonneuses, nous les voyons faire des piquets pour pêcher.
Il nous aura fallu une semaine pour traverser l’Atlfantique…..
Récit passionnant. On s’y croirait.
Profitez bien des plages de RIO, cela nous rappelle de bons souvenirs
Bisous à tous les 2
Sauf que nous, nous n’avions ni le temps matériel, ni le soleil….Bises
Sauf que nous, nous n’avions ni le temps matériel, ni le soleil….Bises