Le col de Tizi n’Test, la route de l’impossible

Les Big Toys n’ont jamais fait le col de Tizi n’Test, la météo annoncée est favorable : nuages mais plafond haut ce matin avec le soleil de retour en milieu de journée. Nous partons donc pour l’une des plus impressionnantes routes du Maroc mais aussi l’une des plus belles. Elle se situe dans le Haut Atlas et relie Marrakech à Taroudant. Ce ne seront que paysages désertiques mais combien superbes avec une palette de couleur allant de l’ocre au rouge orangé. Le vert des oasis donnera une touche plus minérale à cet environnement. En ce début de décembre, les arbres ont pris leur couleur d’hiver, un jaune éclatant.

Les villages accrochés à flanc de montagne sont en pisé pour le malheur des sinistrés du séisme car malheureusement, c’est aussi dans le Haut Atlas qu’à lieu le séisme du 8 septembre au Maroc qui a fait 3500 morts et nous en verrons les conséquences sur notre route.

Nous prenons au barrage Lalla Taakerkoust la route sur Asni. Des travaux d’élargissement sont en cours. C’est l’une des plus belles vallées du pays, l’Oukaïmeden et tous les guides recommandent sa visite mais très vite on aperçoit les dégâts dus au séisme : des tentes dans les jardins, des maisons lézardées mais déjà on retire les pierres des champs et on prépare les champs aux prochaines cultures. Dans cette vallée, la culture en espalier est privilégiée et la topologie du relief si prête bien. 

Nous déjeunons à Asni, beaucoup de monde dans les rues et au souk. A la sortie de la ville, des dizaines de tentes sont alignées sur l’immense place de la ville : des réfugiés du tremblement de terre. Des bungalows font office d’hôpital de proximité et d’unité de soins, tout parait bien organisé. Des camions déversent sacs de nourriture et couvertures. Tout au long de notre parcours des militaires ou la gendarmerie royale est très présente.

Nous laissons sur notre gauche le plus haut sommet de l’Atlas et aussi la plus haute station de ski d’Afrique, le Toubkaï qui culmine à 3270m. cette vallée très touristique mais désertée par les touristes, nous sommes les seuls à Asni.

Nous continuons notre route vers Ouirgane. Il y a un barrage et nous voulons y trouver notre bivouac mais un village de tentes y a trouvé refuge. On passera notre chemin et on fera notre bivouac plus loin dans le lit d’un oued. Lorsque nous voyons les barrages, les ponts encore intacts malgré la violence de ce séisme on se dit qu’heureusement les dégâts humains auraient été plus catastrophiques encore si ces ouvrages auraient cédé.

Nous rencontrons des chercheurs de la biodiversité sur les espèces animales et végétales qui font des relevés dans l’oued pour connaître les impacts de l’environnement sur la région. Ils ont fait leurs études à Montpelier et à Avignon. Nous parlons forcément du tremblement de terre. Ils nous assurent que la population a bien été prise en charge et ce qui manquera le plus dans les mois à venir ce sera la longue reconstruction des habitations qui ont été détruites. L’hiver approche et les tentes sont un maigre refuge. D’ailleurs, sur les 2 journées que nous avons roulé dans cette région, nous sommes étonnés de voir autant de femmes sur les routes à marcher, à s’assoir en bord des routes, et c’est certainement dû encore à la peur de secousses à venir.

Le 2ème jour, c’est encore pire, la vue est superbe magnifique mais nous avons quand même la boule au ventre de voir des villages complètement détruits mais lorsque je dis détruit, il ne reste pas une maison debout. Déjà des pelles sont à pied d’œuvre pour dégagés les ruines. La route a été dégagée et on passe sans problème. 

Nous voulions nous arrêter à la très belle mosquée de Tin Mel qui date du XIIème S et que nous avions visité en 2012. C’est l’une des rares mosquées que les non-musulmans peuvent visiter au Maroc, elle est classée monument historique. Nous garderons que le souvenir de cette très belle mosquée car elle a subi, elle aussi, de gros dégâts avec le tremblement de terre et est maintenant partiellement détruite et de gros étais la maintient encore debout.

La route est sinueuse mais elle a été partiellement agrandie sur les côtés et lorsque nous voyons tous ces villages en pisé, isolés dans la montagne, on comprend le problème des secours. On arrive au col à 2230m. De l’autre côté du col, la route devient plus étroite, en fait elle n’a pas été encore élargie, on passe à une voiture et par endroit il y a un refuge pour un éventuel croisement. Le peu de voitures que nous aurons croisé, ce sera près de ces minuscules refuges et heureusement. 

La route est dégradée et nous arrivons forcément à un passage un peu hard : surplomb de la falaise, route étroite et abimée. On passe ou pas. On dégonfle ou pas pour gagner quelques centimètres qui pourraient nous manquer. On retient un peu notre souffle, Gérard est concentré on roule doucement pour éviter le ballant de la cellule et ça passe. Les Big Toys sont une dizaine de centimètres moins haut et comme ils sont derrière, ils seront plus serin pour ce passage. 30km de route étroite et sinueuse et nous découvrant en bas, au détour d’un virage, dans la vallée l’oasis de Taroudant.

Le reste de la route se fera sans problème. En arrivant dans la vallée, un village de bungalow est en construction partout nous ferons le constat de voir des unités de soins, des tentes, l’armée et la gendarmerie en renfort. Nous prenons la route de Taroudant avec un drôle de sentiment.

Nous ferons notre bivouac du soir en prenant la route de l’Anti Atlas que nous passerons demain pour rejoindre Tafraoute. Feu de camp avec un superbe coucher de soleil en prime.

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